Le Labo de Julie

Lorsque, après un long séjour londonien occupé à essayer d'inculquer à de jeunes sujets de sa (de moins en moins) gracieuse majesté la grandeur de notre idiome national et à promouvoir des investissements immobiliers accessibles aux seuls protégés fiscaux de cette perfide et désormais riche Albion, Julie revint en France, elle n'eut alors de cesse de militer pour le rapprochement franco-britannique tout en veillant à son accomplissement professionnel.

 

Elle s'investit tout d'abord dans le renversement du pacte d'actionnaires d'un célèbre tunnel ferro-routier en dressant d'immenses listes excel de petits porteurs qu'elle avait convaincu, dieu seul sait comment, du bien fondé de sa démarche.

Le résultat est probant aujourd'hui : des actionnaires complètement ruinés et 2h03 pour rejoindre l'unique capitale européenne de la finance, une ville qu'elle se promet toujours de mettre sous sa coupe.

 

C'est donc avec un certain émoi qu'un certain jour de mars 2004, nous reçûmes Julie.

Elle fut immédiatement reconnue par André-Louis. Fin connaisseur de mécaniques automobiles, il l'avait remarquée sur le stand Citroën du Mondial de l'auto 2002 pour sa démonstration mémorable du monospace Picasso.
A ce jour, jamais Citroën ne connut pareille affluence lors d'un salon : la création du personnage de Micheline par Julie éclipsant toutes les audaces des démonstratrices de véhicules italiens. Même André Louis, pourtant accessible à la raison, faillit troquer les vertus solides de ses véhicules germaniques pour ce confort à la française.

Un évènement fâcheux vint néanmoins troubler la réussite de ce salon. Des grognements, semble-t-il émis par un quelconque représentant de la famille des suidés, firent croire à de nombreux visiteurs qu'ils avaient confondu Mondial de l'auto et salon de l'agriculture. Un enregistrement de ce phénomène vocal fut d'ailleurs effectué par l'un de ces malheureux souhaitant obtenir remboursement de son entrée. Il nous l'a gracieusement cédé.
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Julie fût évidemment engagée immédiatement à GMF Vie pour son profil atypique et son CV déjà riche.  Ambitieuse et ne manquant pas d'idées, Julie entama sa carrière à la GMF Vie en s'attaquant à bras le corps à un projet d'envergure : l'achat et la restauration d'un loft dans la commune de Vincennes. De longues journées harassantes occupées à négocier pied à pied avec un vendeur, le choix difficile et long des peintures (évidemment anglaises) qui allaient faire de ce lieu une vitrine du bon goût britannique, ces entrepreneurs dont elle finit par se faire obéir, telle Aliénor d'Aquitaine, en promettant une alliance avec la descendance de l'un deux.

Ce projet bouclé, Julie pût s'occuper de nombreux autres dossiers : l'organisation des loisirs récréatifs de son filleul, l'animation tous les jours à la Cafétéria d'un véritable café philosophico-littéraire autour de ses nombreuses lectures (Public, Elle, Elle déco,…), l'introduction d'innovations marketing et commerciales restées à ce jour sans équivalents. Parmi ces dernières, sont restées dans les mémoires ces lampes USB capables d'éclairer sans peine la touche "A" de n'importe quel clavier, et pour lesquelles elle obtint un prix de gros tel que des générations de chefs de produits pourront en profiter pour leurs actions. Tout le monde se souvient également de ce rugbyman virtuel prêt à toutes les audaces : renseigner les sociétaires sur l'assurance vie et même épouser sa créatrice, un fantasme quasi oedipien enfin assouvi.

 

Mais Julie nous quitte pour de nouveaux projets. Souhaitons lui de réussir la décoration de son prochain appartement et surtout, de continuer de partager sa joie de vivre. 

                                                                                                                    Hugues